jeudi 24 décembre 2015

Comment les nouvelles technologies modifient notre façon de nous former

Formation et nouvelles technologie : la nouvelle donne
Formation et nouvelles technologies :
la nouvelle donne
La formation est en constante évolution, surtout dans le milieu de l'entreprise. Ce n'est pas sans conséquence sur les pédagogies mises en oeuvre.
Voici quelques observations que j'ai recueillies à ce sujet lors d'une intervention de Stéphane DIEBOLD, président de l'AFFEN (Association française pour la Formation en Entreprises et les usages Numériques), un think tank des responsables de formation.


Comme le précise le rapport "Jules Ferry 3.0", élaboré en octobre dernier par le Conseil national du numérique (CNNum), tout commence avec la formation initiale, c'est-à-dire, pour faire simple, l'enseignement dispensé dans les écoles, les collèges et les universités. Une école juste et créative doit se penser autour de deux grands axes :
  • Ce qu’il faut enseigner : informatique, littératie, humanités numériques;
  • Comment redessiner l'enseignement : école en réseau, nouvelles industries de la formation, recherche, startups, etc.
Les bouleversements auxquels nous assistons aujourd'hui ne suivent plus un processus linéaire. Nous vivons dans un monde disruptif où il n'y a pas de continuité : ce que nous étions avant ne correspond en rien à ce que nous allons être maintenant. Il nous faut donc réinventer notre façon de nous former.

Nous sommes soumis à ce qu'on pourrait appeler la "règle des 3 V" :
  • V pour "volume", ce volume très élevé de données qui nous assaillent de toutes parts, avec toute la démesure d'une croissance exponentielle. Il rend nécessaire le tri de ces informations grâce à des outils de curation et de veille (Scoop It, Twitter, Pinterest, Google Alerts, etc.). Or, quand nous demandons quels media utiliser, la réponse ne va pas de soi. Nous réalisons bien vite que la technologie, loin d'apporter des réponses, multiplie plutôt les questions !
  • V comme "vitesse", certains experts estimant que les connaissances techniques seront multipliées par deux tous les 72 jours en 2030. A peine nous sereons-nous rendu compte que nous avons besoin d'apprendre que d'autres connaissance seront déjà à acquérir. Vertigineux, n'est-ce pas ?
  • V comme notre "visibilité", quasi nulle car le monde bouge en permanence autour de nous. Les entreprises doivent donc être "agiles" pour suivre le mouvement.
Tout ceci progresse évidement au rythme du progrès technique. Et, si la technologie ne fait pas tout, elle contribue fortement à notre formation actuelle (e-learning, etc.). Or, 23 % des gens sont en situation d'illettrisme numérique, risquant fort de rester sur le bord de la route.

Autre danger apparu récemment : l'ubérisation de la formation. L’irruption violente de nouveaux acteurs du numérique bouleversent les schémas de l’économie traditionnelle et les circuits de distribution classiques en se posant comme de nouveaux intermédiaires entre consommateurs et services. Uber invente les taxis sans taxis, Airbnb l’hôtellerie sans hôtels,… Avec toujours la même idée : proposer des services plus adaptés aux besoins des consommateurs et moins onéreux. La formation n'échappe pas à ce phénomène : de plus en plus d'organismes propos des formations à la carte, où chacun se forment à son rythme, seul face à des outils numériques toujours plus sophistiqués, toujours moins chers (encore que... !).

Le formateur voit alors sa place remise en question comme dans la pédagogie inversée (ou même dans les MOOCs) où l’enseignant n’est plus un passeur de savoir, ni un "sachant" mais un guide accompagnateur. Michel SERRES, professeur à Stanford et membre de l'Académie française, nous explique à ce sujet que le professeur ou le formateur n’est plus un détenteur expert puis divulgateur unique de connaissances devant une foule de non-sachants. Il y a en effet de grandes chances pour que les stagiaires se soient au préalable renseignés sur le sujet et possèdent déjà un bon nombre de savoirs.
A quand donc la formation sans formateurs ? Pas pour demain pourtant car il reste le besoin de personnes qui incarnent, qui dynamisent, qui donnent du sens. Stéphane DIEBOLD insiste ainsi sur le fait que le rôle premier du formateur est "d'érotiser" la formation, c'est-à-dire de donner l’envie de se former, l’envie étant la clé du succès.

Il n'empêche que nous allons devoir réinventer une manière d'être et de connaître dans une ère nouvelle, celle du savoir discuté plutôt que des doctrines enseignées et d'une société immatérielle librement connectée. Tout reste à faire !

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